L’histoire du phare
Perdu au milieu des dunes de sable et reconnaissable grâce à sa forme carrée originale et sa couleur noire visible depuis la mer, le phare de l'Espiguette éclaire notre côte et guide les marins depuis plus de 150 ans. Découvrons ensemble l’histoire d’un lieu singulier au patrimoine naturel exceptionnel.
La construction d'un point culminant au milieu des dunes
La commission des phares du 17 avril 1860 prescrit l’implantation d’un phare à la pointe de l’Espiguette pour remplacer l’ancien phare à l’entrée du Grau du Roi rendu inefficace par l’ensablement du golfe. C’est l’entrepreneur Charles Dupuy qui obtient la construction du phare par adjudication et l’ingénieur Charles Lenthéric qui établit en 1861 le projet, approuvé en 1865.
L’édification du phare de l’Espiguette marque le début de l’aménagement du littoral gardois.
Des conditions de chantier difficiles
Le chantier a pris un retard considérable occasionné par des vents violents, des tempêtes et l’ensablement qui ont amené à des modifications du projet en cours de chantier. La charpente échafaudage de la tour a été déplacée, une partie des toitures emportées et l’acheminement des matériaux par chemin de fer de 8 kilomètres sur la plage a dû être remplacée par des gabarres tirées par des chevaux. En août 1866, des maladies occasionnées par l’excessive chaleur et surtout par le manque d’eau douce sur la pointe de l’Espiguette désorganisent et rendent le chantier difficile.
L'anecdote du guide
L’ingénieur des ponts et chaussées, Charles Lenthéric, qui était chargé de surveiller les travaux est tombé amoureux d’Elaïs, la fille de l’entrepreneur Charles Dupuy. Relation amoureuse contestée par la famille de la jeune femme à cause de sa foi protestante, l’ingénieur a tout fait pour ralentir les travaux afin de rester le plus longtemps possible auprès de sa bien aimée. Une autre cause de retard, mais romantique cette fois-ci…
Le chantier s’était avéré tellement difficile et pénible que Charles Dupuy et ses ouvriers avaient surnommé la pointe de l’Espiguette, la pointe maudite.
En octobre 1868, le bâtiment est prêt à recevoir les éléments d’éclairage qui arrivent de Paris. Le phare s’allume enfin le 1er janvier 1869.
Un phare qui domine la pointe de l'Espiguette depuis 150 ans
Reconnaissable grâce à sa forme carrée et sa couleur noire visible depuis la mer, le phare de l'Espiguette éclaire notre côte et guide les marins depuis plus de 150 ans, avec sa portée de 24 milles (45km) et son feu tournant à 3 éclats blancs groupées toutes les 15 secondes.
Affecté au Conservatoire du littoral, le phare a été automatisé en 1980 grâce à sa lentille de Fresnel qui fête en 2023 ses 200 ans, et n’est aujourd’hui plus habité par les gardiens. Il est classé aux monuments historiques depuis le 9 octobre 2012.
Un repère et monument perdu dans l’immensité des dunes de sable
Au fil du temps, des vagues et de l’ensablement du littoral, le phare initialement installé à 155 mètres de la mer se retrouve maintenant à 700 m du rivage. Une plaque de marbre mentionnant la distance de la Tour du rivage des basses mers est scellée contre l’une des façades du phare. Ce repère, devenu précieux, permet aux générations futures de déterminer d’une manière précise le taux d’avancement de la plage.
Élément précieux du patrimoine maritime du Grau du Roi, le Phare de l’Espiguette se trouve au coeur d’un espace naturel bénéficiant de nombreuses protections environnementales classé zone Natura 2000, Petite Camargue gardoise, Petite Camargue laguno-marine et Bancs sableux de l’Espiguette.
Et l'architecture dans tout ça ?
Le phare a été construit en s’inspirant du modèle du phare de Grave en Gironde, construit en 1859, dont il reprend les grands traits en terme d’organisation et d’architecture. Il s’organise ainsi :
Une première cour en partie pavée et cernée de murets, donnant côté mer, permet d’accéder aux logements et au phare.
Le phare en lui-même, constitué d’une tour centrale haute de 27m de section carrée, est flanquée de part et d’autre, de deux ailes destinées à loger les gardiens et leur famille qui se succèdent jusqu’à l’automatisation de la lanterne en 1980 et la suppression du poste en 2000. Sur la partie haute de la tour peinte en noir, un encorbellement de style néo médiéval supporte des balustrades en pierre avec un entablement composé de vingt consoles formant de petits arcs.
Une seconde cour intérieure pavée et clôturée de hauts murs, est accessible depuis le phare et les logements. Au centre de cette cour se trouve le puits, et un bâtiment à usage d’annexes (initialement au centre un préau comportant des lieux d’aisance avec les logements des ingénieurs de part et d’autre), occupe l’extrémité Est de ladite cour.